À l’approche de la première édition élargie à 32 équipes de la Coupe du Monde des Clubs, qui se déroulera du 14 juin au 13 juillet 2025 aux États-Unis, la FIFA fait face à un défi majeur : attirer un public nombreux dans les stades. Malgré la présence de clubs prestigieux tels que Manchester City, Real Madrid, PSG? Flamengo, Al Ahly, Al Hilal ou encore l’Inter Miami de Lionel Messi, la billetterie peine à décoller, avec des ventes bien en deçà des attentes.
Pour remédier à cette situation, l’instance dirigeante du football mondial a lancé une opération promotionnelle ciblée, proposant aux étudiants des billets à prix très réduit, une stratégie qui suscite autant d’intérêt que de débats. Le Hard Rock Stadium de Miami, qui doit accueillir le match d’ouverture entre l’Inter Miami et Al Ahly, affiche une capacité de plus de 65 000 places. Pourtant, à seulement quelques jours du coup d’envoi, moins de 25 000 billets auraient été vendus, selon plusieurs sources. Certains matchs enregistrent même des ventes inférieures à 10 000 billets, un chiffre alarmant pour un tournoi de cette envergure.
Une offre étudiante à 4 euros
Face à ce constat, la FIFA a décidé d’agir rapidement. En partenariat avec le Miami Dade College, qui compte plus de 100 000 étudiants, une offre exceptionnelle a été mise en place : pour l’achat d’un billet étudiant à 20 dollars (environ 18 euros), quatre billets supplémentaires sont offerts. Ainsi, un groupe de cinq étudiants peut assister à un match pour un coût moyen de seulement 4 dollars par personne, soit environ 3,70 euros.
Cette initiative vise à remplir les tribunes rapidement et à créer une ambiance festive, propice à une belle visibilité médiatique. « Je ne pensais pas venir, mais à ce tarif, on va y aller entre amis. C’est une opportunité à ne pas manquer », explique une étudiante algérienne en échange à Miami.
Une chute spectaculaire des prix grand public
Cette réduction ne concerne pas uniquement les étudiants. Les billets grand public, initialement vendus jusqu’à 349 dollars en décembre dernier, ont vu leur prix chuter drastiquement, certains étant désormais proposés à moins de 60 dollars. Cette politique de tarification dynamique, où les prix s’ajustent en fonction de la demande, traduit la volonté de la FIFA de maximiser la fréquentation.
Cependant, cette baisse importante soulève des questions sur la perception de la valeur de l’événement. « Quand on divise les prix par six, on donne l’impression que le produit ne vaut pas son prix initial », analyse Richard Klein, consultant en marketing sportif.
Priorité à l’image plutôt qu’aux profits
La FIFA justifie cette stratégie en insistant sur l’importance de l’image. Des stades à moitié vides pourraient nuire à la réputation d’un tournoi que l’instance souhaite voir devenir aussi prestigieux que la Coupe du Monde ou la Ligue des Champions. Un porte-parole affirme : « Nous voulons garantir une atmosphère digne d’un événement mondial et offrir à tous la possibilité d’y assister. »
Dans un pays où le football reste derrière le basket-ball, le football américain ou le baseball en popularité, cette approche apparaît comme un choix pragmatique. Le nouveau format à 32 clubs, calqué sur celui de la Coupe du Monde des nations, devait renforcer l’attractivité commerciale et élargir la base de fans. Pourtant, plusieurs obstacles freinent ce pari : un calendrier estival peu familier aux amateurs américains, des prix initiaux jugés élevés, la concurrence avec les ligues locales comme la MLS ou la NBA, et la fatigue des joueurs après une saison intense.
À titre de comparaison, les billets pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 se sont vendus rapidement, grâce à une politique tarifaire progressive débutant à 24 euros. La Copa América 2024, également organisée aux États-Unis, a su mobiliser le public latino-américain grâce à des campagnes ciblées et des prix attractifs.
Opération nécessaire ou échec avoué ?
Pour certains, la baisse des prix et l’offre étudiante sont des mesures indispensables pour rendre l’événement plus accessible et préserver son image. Pour d’autres, elles traduisent un échec à susciter un véritable engouement populaire.
La Coupe du Monde des Clubs 2025 débute donc sous le signe de la démocratisation forcée. Les billets à 4 euros pour les étudiants sont un geste fort en faveur de l’accessibilité, mais aussi un signal d’alarme sur la capacité de l’événement à attirer naturellement un large public.
Si cette stratégie évite des images de tribunes vides, elle interroge sur la viabilité du format, l’intérêt du public nord-américain et la place réelle de cette compétition dans un calendrier mondial déjà saturé. Reste à voir si la magie du football saura transcender ces défis ou si cette édition restera une vitrine ambitieuse mais partiellement déserte.